
Notre intégrité de parent face à l’épreuve de la robe
Un jour il n’y a pas si longtemps – en réalité, peu de temps après avoir reçu l’article de Laureline –, j’ai cédé à la tentation de l’achat robe, pour mon fils. (Tentation largement stimulée, je sais pas si c’est important de le dire, par les demandes incessantes de ce même fils.) Une robe « normale », une de celles qu’on trouve dans n’importe quel magasin, faites pour que des enfants – a priori des filles – les mettent et sortent dans la rue avec.
Évidemment, il ne s’en est pas fallu longtemps pour que l’enfant nous demande effectivement à sortir dans la rue avec…
Je te raconte ?
Il était une fois des jeunes parents.
Tout comme Laureline, j’ai toujours mis des vêtements de fille du rayon fille à mon fils. Pas par revendication féministe (même si cet aspect-là de la démarche n’est pas pour me déranger), mais plutôt initialement par prise de conscience personnelle en ce qui concerne la sur-consommation, et a fortiori celle de vêtements portés 3 mois maximum. Entre en jeu bien sûr également le critère sous.
Je m’explique.
Paco n’ayant que des cousines plus âgées (filles, donc), tous les vêtements que nous avons récupérés proviennent du rayon fille d’enseignes diverses et variées.
Et plutôt que de les rejeter en masse, j’ai commencé à fouiller dans ces sacs, à la recherche de vêtements qui, peut-être, « passeraient » aussi pour un garçon (ma limite à l’époque étant bien loin de la robe, elle en était même aux froufrous, dentelles, et autres T-shirts ou shorts à pince).
Et tu seras étonnée de te rendre compte qu’il y en a beaucoup.
Constat étrange : Les vêtements pour enfants sont bien plus sexualisés que ceux pour adultes.
Pourquoi, je n’en sais rien, mais c’est un fait.
Un homme peut s’acheter un polo rose en boutique, un petit garçon verra ses choix limités à du gris, bleu, vert, marron et blanc. Un homme peut porter une chemise cintrée ou droite, un petit garçon n’aura que l’option « coupe droite ». Un homme peut choisir de porter un jean ou pantalon « slim », pour ton petit garçon, c’est large et de préférence avec des poches sur l’extérieur des cuisses (visualise le baggy).
Sans aller jusqu’à revendiquer que les garçons et les filles puissent porter exactement les mêmes vêtements, je ne comprends pas pourquoi, à travers les options vestimentaires, on sexualise plus nos enfants que nos propres amoureux. Et que dire des conséquences possibles d’une telle sexualisation précoce.
J’étais donc finalement assez contente de découvrir qu’au-delà de ne pas avoir à racheter toute une panoplie de vêtement taille 18 ou 24 mois, beaucoup de vêtements pour filles vont parfaitement bien à un garçon. Et tu seras peut-être content d’apprendre aujourd’hui qu’un legging est un vêtement confortable, qui en outre fera ressembler ton enfant au plus mignon petit hypster du monde.
[La preuve en image : veste cintrée du rayon fille, pull à rayures du rayon fille, legging et bonnet. Mon FILS est (toujours) une merveille. (J’insiste.)]
Je reprends mes esprits, je m’étais donc jusque là arrêtée aux vêtements que j’estimais « neutres » ou « androgynes ».
Et puis un jour, mon fils nous a demandé à avoir une robe.
Parce qu’une robe, c’est joli, et ça vole quand on tourne avec.
J’avoue, j’ai longtemps hésité, me disant que ce serait un achat inutile qui ne lui servirait qu’enfermé entre les quatre murs de la maison, la nuit, et avec les volets fermés – cela car que je ne me sentais absolument pas prête à lui imposer la réflexion transparaissant sur leur visage, des bien-pensants dans la rue lorsqu’ils réalisent qu’ils ont devant eux un enfant aux attributs masculins portant une robe, et se sentant subitement dans l’urgence de décider s’il s’agit là d’un garçon en robe ou d’une fille avec un zizi.
Je rigole, bien sûr que ces gens essaient de te trucider mentalement. À leur époque c’était mieux.
Sauf que l’article de Laureline l’autre jour m’a fait réfléchir, et je me suis dit qu’en n’ayant même pas l’option robe dans son armoire (à part la tenue de princesse de la boîte à déguisement), quand sa petite sœur s’en voit revêtue sans qu’elle ne demande rien à personne, j’étais d’une part en train de le formater (j’avais dit pas de considération féministe, JE SAIS), mais surtout de lui refuser une tenue sans être finalement capable d’expliquer ce traitement de défaveur par des arguments de fond.
Et c’était ça le vrai truc dérangeant.
Quand Paco nous pose une question, aussi à bout soit-on, on essaie toujours de lui répondre, et de d’étayer au mieux notre réponse. Quand on ne sait pas, on répond humblement « je ne sais pas », ou « je ne sais pas, mais je vais me renseigner pour toi », ou encore « je ne sais pas, viens, on va se renseigner ensemble ». (Internet est mon ami.)
Mais jamais, AU GRAND JAMAIS, tu nous verras lui répondre « parce que » (par-ce-que-point).
Attention, je ne jète la pierre à personne, à chaque parent ses principes éducatifs et donc aussi les principes éducatifs qui lui hérissent les poils. Formation scientifique oblige, ici, c’est toute réponse qui n’apprend rien, ou pire, celle qui enseigne l’enfant à accepter sans questionner, qui est proscrite.
Pour en revenir au sujet, je n’avais pas de raison à donner à mon fils me demandant à porter une robe, qui justifierait un refus.
- « Les garçons ne mettent pas de robe » ? Faux.
- « Un garçon en robe c’est pas beau » ? Subjectif et discriminatoire.
- « Tu vas souffrir avec le regard réprobateur des gens dans la rue » ? Qu’est-ce que j’en sais (un enfant de même pas trois ans se soucie-t-il vraiment du regard d’inconnus dans la rue ?)
- « C’est comme ça » ? Tu veux dire, « parce que » ?
- « C’est la tradition » ? C’est à dire qu’on a très envie d’éduquer nos enfants de sorte qu’ils grandissent pleins de bienveillance à l’égard de celles et ceux à qui nos traditions ne correspondraient pas (coucou la communauté LGBT), gardant en tête que cela peut inclure eux-mêmes. Et donc de leur apprendre, que tradition ne fait pas loi.
Bref, j’ai acheté la robe. Pour la maison.
Puis est arrivé ce matin. Ce matin je tends à Paco son pantalon et son T-shirt. Il me regarde de haut en bas. Il regarde sa soeur. Il repousse ma main tendue.
« Paco pas ça. Paco aussi bobe. »
Ah. J’étais en train de les vêtir pour aller à la crèche.
Je regarde Marcio du coin de l’œil. On se dit en aparté que si c’était pour lui annoncer qu’il ne pouvait pas mettre sa robe à la crèche, on aurait aussi bien fait de ne pas lui acheter sa robe à la base.
On lui a donc mis sa robe, mais en lui expliquant que ça n’était pas anodin. Car une chose est de vouloir le laisser décider du meilleur pour lui, une autre de le diriger tout droit dans un piège sans le prévenir.
On lui a dit qu’on le trouvait beau comme ça, qu’on respectait son choix et qu’on avait envie qu’il puisse porter ce qu’il veut, mais que certaines personnes pensaient que les robes c’est uniquement pour les filles, et qu’il pourrait donc croiser des personnes qui le regardent d’une manière bizarre.
Imitation du regard bizarre.
Ridiculisation du regard bizarre (un regard de jugement est toujours ridicule).
Il a dit : « Oui, oui. » Mais il n’en avait visiblement rien à faire.
Je suis allée à la crèche, je l’avoue, avec une certaine crainte de ce que les autres enfants pourraient en penser (j’avais en réalité évidemment plus peur de ce qu’ils pourraient exprimer et comment, que de leurs pensées), voire même le personnel de la crèche (parce qu’apparemment, on n’est jamais à l’abri, hein).
On est arrivés, et direct les remarques ont fusé.
« Oh Paco, waouh, on dirait un indien ! »
« Paco, il vient toujours habillé de manière super stylée, c’est génial ! »
(La deuxième étant une référence non dissimulée au jour où il était venu avec les ongles vernis.)
Aujourd’hui ça s’est donc bien passé. Et toi, tu gères comment les demandes de tes enfants ?
Laureline 10 Avr 2017 - 3:49
Je suis trop contente que ça se soit bien passé !
Je suis aussi super fière d’avoir pu apporter ma pierre à l’édifice de la réflexion.
Déconstruisons la masculinité petit à petit.
Joana 10 Avr 2017 - 7:11
Nanakie 10 Avr 2017 - 4:38
Joana 10 Avr 2017 - 7:12
Fernanda H. 10 Avr 2017 - 6:22
Par curiosité : cette crèche est au Brésil?
Joana 10 Avr 2017 - 7:17
Lou 10 Avr 2017 - 6:25
Pour les parents qui n’assument pas,ya le kilt ! d ailleurs ce serait intéressant de savoir si en Écosse ya moins de préjugés sur les looks…
Joana 10 Avr 2017 - 7:20
Fernanda H. 10 Avr 2017 - 7:58
Mais ça n’enlève rien à votre mérite, hein, bien au contraire, faut être bien sûr de soi pour mettre une robe à son fils dans le pays du rose et du bleu, comme tu as dit.
Car oui
Joana 10 Avr 2017 - 10:29
Camomille 10 Avr 2017 - 8:20
Joana 10 Avr 2017 - 10:32
Cedric 10 Avr 2017 - 10:19
Joana 11 Avr 2017 - 3:26
Tara B. 11 Avr 2017 - 2:00
Et sur le vernis à ongle, je le lui ai mis sans sourciller même si ça a fait tiquer son frère (re-explication sur normalement ce sont plutôt les filles qui en mettent mais il n’y a rien de grave à ce que ton frère ait aussi envie d’en avoir).
Bref, le cas de la robe. On verra le jour où, si jour il y a…
Joana 11 Avr 2017 - 3:26
Maman BCBG 11 Avr 2017 - 11:30
L’aspect culturel et traditionnel est une raison valable pour moi… par exemple, on dit « bonjour », c’est une convention, on ne dit pas « parapluie » ni on ne fait pas (ou plus 😉 ) 3 révérences pour saluer les gens… (ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas interroger les traditions hein… par exemple, on a choisit de ne pas faire circoncire notre fils, alors que mon mari est d’origine malgache et qu’à Madagascar, 99% des garçons le sont )
Mais j’imagine que j’aurai surement des question un jour (mon fils a 3 ans, et ma fille 8 mois)
Pour ma part, c’est simple : ni ma fille, ni mon fils ne mettront de robe à la crèche, tout simplement car… ce n’est pas pratique pour bouger, grimper, courir…. (voilà, j’ai ma justification ! 😉 )
Pour l’école on verra s’il y a demande, mais pantalon c’est bien aussi pour les deux… shorts ou leggins c’est pratique !
Idem pour le maquillage et vernis la réponse sera: c’est pour les grands, ce ne sont pas des produits forcément bon pour la santé (en même temps, vu ce que je me maquille ils ne seront pas trop tentés par moi)
Voilà 😀 voila 😀
Joana 11 Avr 2017 - 3:24
Je suis d’accord avec toi pour le bonjour, mais pour moi il y a un vrai truc à expliquer derrière : faire plaisir aux gens que l’on croise en les saluant, et même bonjour, c’est bon + jour, ça fait du sens ! Pour moi la robe non, mais de manière générale toute chose réservée soit aux filles, soit aux garçons. Après tout ce sont tous des enfants !! Bises !
Joana 11 Avr 2017 - 3:34
Je pense que c’est un aspect important et je vais le préciser dans l’article.
VAPPREAU 11 Avr 2017 - 4:06
Juliette 11 Avr 2017 - 7:37
oops 11 Avr 2017 - 4:43
Je n’ai que des filles, mais mon aînée a vécu l’expérience inverse / corollaire (comme quoi, ces codes genrés sont des freins WTF à tous les niveaux) : dans le parc, pendant les vacances d’été juste avant de rentrer en PS, ma petite demoiselle de 2 ans et demie est arrivée vers moi en pleure parce qu’une minette du même âge l’a repoussé d’un « non, tu ne peux pas jouer avec nous, tu n’a pas de robe, et même pas de rose en plus !!! »
Voilà… oO
Joana 11 Avr 2017 - 8:23
Sonia 11 Avr 2017 - 5:53
merci pour cet article et bravo de rester droits dans vos bottes avec Marcio.
Je ne pense pas que j’aurais osé faire pareil si mon fils me demandait une robe pour dehors. Car autant je ne me gène pas pour acheter plein de leggings à mon fils de 3 ans (tellement pratique) tant au rayon garçon (mais pas au delà du 2 ans dans la plupart des magasins) soit au rayon fille. Tout simplement parce que le rayon fille regorge de couleur! Souvent je trouve embêtant qu’ils rajoutent des paillettes et des froufrous, j’avoue que je ne les assume pas (il avait un legging noir avec en bas une petite baguette magique à paillettes et un autre jaune pétant avec une étiquette avec un cœur (mais les gars aussi ont le droit d’avoir des cœurs non?)). J’ai été horrifiée quand aux bébés nageurs il a fait le tour des chaussures en disant chaussures filles chaussures garçons en se référant à la couleur…Pourtant je ne sais pas ce que je ferai s’il me demandait une robe, pour être honnête je pense que j’assumerai à la maison, mais pas dehors, que j’aurais peur de la réaction des inconnus et de l’effet produit sur mon mini (alors que ce serait plus de l’effet que cela me fait à moi… Pas facile de composer avec ses inquiétudes, son « passé » et l’envie d’en faire des êtres libres.Peut être un peu trop mère poule 😉 )
Joana 11 Avr 2017 - 8:26
Narmellou 11 Avr 2017 - 6:05
Joana 11 Avr 2017 - 8:27
Lika 11 Avr 2017 - 8:07
Petite j’ai eu un moment les cheveux courts, on me prenait régulièrement pour un garçon et j’en ai souffert.
Je sais bien que le vrai problème vient des réactions des gens, mais j’aurai trop peur que l’on se moque de mon fils ou qu’on le mette à l’écart pour lui laisser porter une robe.
Joana 11 Avr 2017 - 8:34
Illiade 11 Avr 2017 - 11:40
Je trouve toujours tes articles hyper clairs et bien argumentés. Vous êtes droits dans vos bottes et vous avez prévenu Paco pour les regards bizarres, donc pour moi rien de perturbant.
En revanche, je suis choquée par les mots « déconstruisons la masculinité » de Laureline. Le machisme j’aurais compris, mais la masculinité !?!?
Je repense à ces générations d’enfants soumis à forte autorité qui ont engendrés des enfants rois, libres comme enfants, mais en manque de repères en tant que parents…
Hier trop de sexualisation, demain aucune ? Les enfants libérés de ces questionnements sur la différence entre les sexes courent, à mon sens, le même risque que ceux trop libérés de l’autorité parentale.
Pour moi, liberté à un jeune âge = manque de confrontation, pas de construction raisonnée de l’enfant par rapport à un modèle de base = manque de conscience du cheminement vers l’identification ou de l’opposition (car à un âge dont on se souvient peu) = difficulté en tant qu’adulte a comprendre pourquoi et comment on en est « arrivé là », d’où problème à répondre aux questions des générations futures.
Je pense que la robe est un pas que je ne passerai pas. Et sans pour autant dénigrer les filles, je lui montrerai d’autres avantages à être un garçon. Par exemple, lui il pourra se balader torse nu comme papa 🙂
oops 12 Avr 2017 - 7:02
Je vis dans le sud, les plages seront bientôt bondée de topless. Et de femmes trop (?!!) couvertes, aussi, que des policiers obligeront à se déshabiller…
Et moi qui allaite au long court (ma petite dernière a plus de 2 ans), qu’est-ce que j’entends au sujet de ma poitrine (ou pas, plus personne n’ose aborder le sujet, car j’ai quelques réponses bien piquantes en réserve, héhé) !
Non mais flûte, à la fin ! Notre corps n’a pas à être objétisé et politisé de la sorte !!!
Oui, je crois qu’on peut complètement déconstruire la masculinité comme la féminité. Et qu’on y gagnerait, tous, sur tous les plans !
Ce ne sont que des étiquettes collées sur une différence physiologique, étiquettes associées à des attributions (droits et devoirs) qui varient selon les cultures, donc absolument rien d’obligatoire, ni logique, ni utile.
Cheminer librement dans sa vie, quelque soit sa carte génétique (sexe compris), le rêve…
Pour moi, liberté à un jeune âge = confrontation au vivant (la vie réelle hors projection passéiste des adultes) = construction et connaissance profonde de soit-même et des autres = respect de sa propre identité et de celle des autres = construction d’un nouveau paradigme culturel et écolonomie pacifique = chômage pour les psy, coachs et fabricants de pilules anti-insomnie / anti-déprime, qui n’auront plus de client ! 😛
Bon, je n’en suis pas à un paradoxe près, moi j’interdis très souvent le port de la jupe/robe à mes filles… par sécurité : elles sont très sportives, grimpent et sautent partout, et chacune a déjà fait l’expérience de rester accrochée / se prendre les pieds dans une tenue non adaptée. Je leur ré-explique d’ailleurs très souvent que les « vêtements de filles » sont faits pour les mettre en prison, pour qu’elles ne puissent pas bouger comme elles le souhaitent, comme les garçons.
Alors quand jupe/robe il y a, pour elles comme pour moi, il y a short dessous : pour la retirer au besoin ! 🙂
Idem pour les chaussures : il n’y a qu’à voir les cours d’école maternelle pour constater que les filles sont souvent gênées par leur chaussures. Plus difficiles à mettre, plus fragiles, tiennent moins bien au pied, semelles lisses…
Les miennes râlent car je privilégie leur confort (et non, je n’achète pas de multiples paires à mes 3 filles tous les 3 mois), mais elles savent pourquoi, et les grandes peuvent maintenant bien l’expliquer d’un tonitruant : « On fait la course ? La première qui arrive en haut du mur d’escalade choisit sa Barbie en première / gagne la carte Pokemon à 100Fx ! » 😛
C’est pas simple, quand même…x
Juliette 12 Avr 2017 - 9:01
Ce qu’il faut déconstruire c’est l’intolérance.
Apres, je l’ai déjà dit mais pour moi, habiller son fils en robe parce qu’il kiffe la robe de sa mère c’est une chose, le faire parce que soi, en tant qu’adulte, on mène un combat, pour moi c’est autre chose.
Joana 12 Avr 2017 - 2:39
Ceci étant dit (ça fait d’ailleurs une chouette transition avec ce que j’allais écrire principalement), (et @juliette), je n’ai rien trouvé de choquant à ce commentaire. Je comprends cette expression comme « il faut faire bouger les lignes de l’identité masculine », avis que je partage… Pour moi il ne s’agit pas de moquer l’image du masculin telle que nous la connaissons aujourd’hui (du gros muscle, de l’autorité, et surtout jamais une larme), mais bien d’ouvrir les spectre des possibles. Avis je pense, que l’on partage tous ! Dans déconstruisons la masculinité, pour moi il y a aussi du « reconstruisons la masculinité », dans le sens, changeons les règles, faisons bouger les choses. Et ceci afin *justement*, qu’un homme s’il le souhaite, puisse montrer qu’il a des sentiments sans que ça ne lui ôte de sa masculinité, puisse revendiquer plus de temps auprès de ses enfants ou aux fourneaux sans que ça ne lui ôte de sa masculinité, etc.
Peut-être que je suis à côté de la plaque quand j’interprète cette expression de cette manière (j’avoue, vous me mettez le doute sur mes compétences en langue française), mais c’est comme ça que je la comprends. J’irais même jusqu’à faire le parallèle entre ces femmes qui disent n’avoir pas besoin du féminisme car elles aiment cuisiner des bons petits plats à leur mari…. Sauf que l’on sait tous que le féminisme ne souhaite pas ôter ce genre de possibilité aux femmes, ou leur dire qu’elles ne devraient pas s’adonner à ce genre d’activité, le féminisme est là justement pour laisser le choix à chacune de faire ce à quoi elle aspire, que ce soit cuisiner des bons petits plats au mari ou devenir CEO de HSBC. De la même manière, je ne crois pas que la solution soit empêcher les hommes d’être des gros durs en baggy, mais bien ajouter des places pour que chaque homme puisse simplement être lui sans devoir s’enfermer dans une image toute faite de la masculinité. Et c’est comme ça que je comprends « déconstruisons la masculinité ».
Sinon, , je partage ton avis sur le top-less ! Je ne trouve pas juste que ça soit réservé aux hommes. Dans n’importe quelle tribu indienne, les femmes se baladent seins à l’air et tout se passe nickel. Je trouve tout comme toi, que c’est quelque chose qui s’est immiscé dans notre culture et qui a tout à voir avec le machisme de celle-ci. Plus généralement, je partage ton point de vue qu’un corps (a fortiori d’enfant) n’a pas à être « genrisé », et j’en profite pour vous demander ce que vous savez au sujet des enfants transgenres. Ça n’est pas une façon pour moi de vous prendre de haut (ce serait mal me connaître, j’ai plutôt tendance à raser le sold ans la vraie vie :p), j’ai lu quelques articles avant-hier à peine et j’avoue que j’avais une totale méconnaissance du sujet. 1 enfant sur 500 en est touché (selon Marie-Claire……), et l’enfant commence à exprimer vers ses 3-4 ans généralement sa frustration de ne pas être du sexe opposé. J’ai d’ailleurs regretté ne pas m’être renseignée avant d’écrire cet article, car il y a là quelque chose de fondamental qui est totalement absent de nos débats, c’est de se rendre compte que le sexe ne fait pas le genre. Ainsi, on peut naître fille dans un corps de garçon, et inversement. Je ne sais pas si ça change quoi que ce soit, mais j’avoue que d’avoir ça en tête me conforte tout de même dans notre idée de ne pas vouloir ranger trop vite notre fils dans la catégorie « pas de robe ».
Joana 12 Avr 2017 - 4:27
Donc je suis définitivement pour la déconstruction de la masculinité, même de la féminité ! 🙂
lauriane 13 Avr 2017 - 8:20
Comme chacun(e)s, ce débat fait réagir. J’ai lu ton article en me questionnant serais-je capable de faire cela pour mon enfant ? Je ne pense pas être aussi ouverte d’esprit que toi 😉
Cependant, ton commentaire parlant des enfants transgenres m’a fait « ouvrir les yeux » sur une réalité, le mal-être de ces enfants nés dans « le mauvais corps ». Je trouve que cela ajoute une autre dimension à ma vision des choses et je t’en remercie.
Pour autant (et on ne peux pas s’en empêcher) mon histoire personnelle m’a fait pensé à ton fils.
Je m’explique, je suis l’ainée (et donc la reine pendant 5 ans), et ma petite sœur née. Problème Margaux est née malade ( une sombre histoire de reflux urinaire bilatéral), malgré toute la bonne volonté de mes parents (et d’une pédopsy) je ne comprenais pas. De ce fait je voulais absolument prendre moi aussi des médicaments ( ma mère a bien sur joué le jeu, et j’ai suis une accro à l’eau sucrée maintenant). Peut être que Paco, veut porter des robes, pour avoir la même attention que sa sœur. Loin de moi l’idée de dire que ta fille a plus d’attention que lui, mais je sais trop bien, que malgré les meilleures conditions, le passage au statut de « grand frère » peut être difficile. Mais peut être que je me trompe et Paco aime simplement porter des robes 🙂
Voila c’était ma pierre à l’édifice, bonne soirée
Lauriane
Joana 17 Avr 2017 - 3:29
Mais je comprends aussi ton commentaire, et je crois que certains enfants peuvent tomber dans l’imitation du plus jeune ou plus âgé effectivement. Ça n’est cependant pas le cas ici, d’autant plus que Madeleine est notre super-bébé maxi indépendant qui limite ne veut ni de nos câlins, ni de notre attention, du coup, on se venge complètement sur Paco qui reçoit la plupart de nos bisous ou autre. 😛
Bises !
Mcc 02 Mai 2017 - 10:12
Joana 05 Mai 2017 - 5:47
L’école ça n’est pas évident pour cela. Je ne crois pas que j’aurais envoyé mon enfant aussi facilement à l’école en robe qu’à cette crèche ou j’ai une confiance absolue en le personnel… On fait ce qu’on peut ! 🙂