
Une journée (presque) comme les autres : mon accouchement
Parce que le résumé de cette journée folle où entre autre choses, j’ai eu le temps d’amener mon fils à la crèche le matin, d’accoucher, et de le rechercher le soir — une demie-heure en avance par rapport à son horaire habituel —, a pu te sembler surréaliste, laisse-moi revenir dessus. Parce qu’elle l’a été !
Enfin déjà, je vais te raconter mon parcours, des fois qu’il pourrait t’inspirer.
Il y a 6 mois de ça, on décide de quitter Paris. Bien sûr, je passe les détails, parce qu’en vrai, on nous a en fait d’abord un peu forcé la main niveau logement. Ensuite, vu que la date de restitution des clés de notre appartement parisien correspondait plus ou moins avec le début de mon congé de maternité, une petite envie de vert, et la non-occupation par mes parents de leur maison… on a décidé de tirer le meilleur de cette situation et de revenir en terres alsaciennes pour un temps.
Tout ça pour dire, je me suis retrouvée du jour au lendemain à être suivie par ma maternité que j’adorais, celle que j’avais choisie consciencieusement parmi les 50 000 que tu peux trouver à Paris, à devoir m’inscrire tout bonnement à la seule existante dans un rayon de 50 km.
Bon, ok, j’exagère. Un peu.
Comment une situation aussi désespérée s’est-elle transformée en situation rêvée ? Te demandes-tu certainement.
Alors tout d’abord, je dois dire que le tableau n’était finalement pas si noir que ça. Quand tu es suivie à Paris, aussi amie de bébés ta maternité soit-elle, le personnel n’est pas forcément toujours ami des mamans. Je dis ça… bon. Et à la campagne, les gens sont cool. Vraiment. (Et même en Alsace.)
Mais reprenons mon histoire. Le tableau n’était donc finalement pas si noir, mais ça, je n’en savais rien au moment de décider de quitter Paris. Et prise au dépourvu, je commence alors à imaginer des solutions alternatives, du genre « Et si j’accouchais à la maison ? » Ouais, comme ça.
Je me renseigne, et je découvre assez rapidement que toutes les sage-femmes du coin ont cessé de pratiquer les accouchements à domicile. Toutes sauf une, que je m’empresse de contacter. Finalement pas de bol : elle aussi a arrêté cette branche de son activité il y a peu. Retour à la case départ donc, ou presque…
(Suspense.)
Arrivés en terre promise, je me décide à visiter la maternité du coin. Grosse surprise : ça a l’air top ! La sage-femme me dit que l’an passé y ont eu lieu 340 naissances (en tout) et que donc, tu as toutes les chances de te retrouver seule et chouchoutée comme tu le mérites le jour J. En plus, la maternité a eu la bonne idée d’investir dans une baignoire d’accouchement et une salle nature, ce qui finit de me séduire. Enfin, lamelle de cornichon sur la tranche de pâté, elle me dit que, si je le souhaite et si je suis suivie par une sage-femme qui peut se déplacer à domicile, c’est tout à fait possible de partir une douzaine d’heures après l’accouchement. (Oui parce que tu sais sans doute que j’ai déjà un bébé et que ça m’aurait littéralement brisé le cœur de me séparer de lui).
Tête de smiley à coeurs rouges à la place des yeux : c’était décidé, c’était ce que voulais pour moi.
Et là, je me suis souvenue qu’un jour, j’avais eu au téléphone une dame très gentille qui ne faisait plus d’accouchements à domicile mais qui avait l’air de compatir avec mon désespoir d’à l’époque.
Je la rencontre, elle est parfaite. Du genre love-at-first-sight-parfaite. C’était l’heureuse élue, la sage-femme qui ferait mon suivi de grossesse et viendrait nous voir à la maison une fois qu’on aurait quitté l’hôpital, a priori donc et selon les promesses, douze heures après avoir éjecté ma bichette.
J’appuie sur la touche fast forward et j’en viens à cette journée du 13 octobre.
Timeline.
8h00 – Paco se réveille. Marcio se lève pour le ramener un peu dans notre lit, comme d’habitude. Je sens des petites contractions. Mais rien de complètement alarmant, j’en avais eu la veille au soir aussi. « Ça travaille », je me dis alors.
9h00 – Je me souviens avoir trouvé que quand même, elles sont régulières ces contractions. Je chronomètre leur espacement : cinq minutes. Oups. Là, je me souviens de mes cours de préparation à l’accouchement où on nous disait de ne pas nous inquiéter tant que les contractions ne sont pas 1) vraiment insupportables, 2) espacées de plus de cinq minutes, et 3) depuis plus d’une heure. J’avais un critère sur trois. N’empêche, je me dis que c’est plus raisonnable que Marcio emmène Paco à la crèche à 9h30, on ne voudrait pas avoir de contraction désagréable au volant avec en plus un bébé à l’arrière…
10h00 – À son retour, je dis à Marcio que les douleurs ont un peu augmenté et que peut-être ça ne serait pas forcément une mauvaise idée qu’on se tienne prêts. Au cas où. On prend tous les deux une douche, mes contractions deviennent plus fortes (mais en même temps, juste dix fois moins douloureuses que celles de mon précédent accouchement qui avait été provoqué, donc qu’est-ce que j’en sais moi ?).
10h30 – On se dit que ce serait pas mal de partir à la maternité, que mieux vaut un peu trop tôt que trop tard, hein. Petite parenthèse, à ce moment, je souffre. Vraiment. Et je suis partie pour une bonne trentaine de minutes de route sur un trajet qui normalement en demande vingt, à demander à mon cher et tendre de s’arrêter à chaque nouvelle contraction. Au passage, un autre avantage de la campagne : c’est possible.
11h00 – Arrivée à la maternité, enfin. Le sage-femme m’osculte. J’ai un flash-back d’un moment similaire il y a un an et demi, où après plus de cinq heures de souffrance extrême, la sage-femme m’avait examinée et avait dit : « le col est toujours fermé ». (J’avais alors rétorqué : « Périduraaaale !!! ») Verdict cette fois-ci : « Le col est dilaté à 6 cm ». Hallelujah.
11h10 – Le monsieur essaie de poser une perf’. Vraiment juste, il essaie. Trois fois d’ailleurs, pour finalement ne réussir qu’à me faire un gros bleu au niveau du poignet (et puis de toute manière mon bébé est prêt à sortir, c’est pas comme si on a aller me poser une péridurale maintenant). Mais qu’importe, c’est pas comme si j’avais de la place pour sentir et gérer en plus ce genre de douleur. Passées cinq ou dix minutes, je sens donc que les contractions changent, un peu comme si notre bébé serait déjà en train de vouloir sortir… (?!) Gagné ! Je demande naïvement à ce qu’on fasse couler la baignoire ; le monsieur essaie de m’en dissuader (en fait, on n’aura juste pas le temps de la remplir !), mais j’insiste et ils font couler l’eau… pour quelques minutes. On voudrait quand même pas contrarier une femme en train d’accoucher.
11h40 – Ce qu’il s’est passé dans cette salle entre 11h10 et 11h40, je te jure tu ne veux pas le savoir, surtout si tu attends ton heure à toi. Pour résumer ce moment, je te dirais juste que des médecins sont arrivés en panique à cause des hurlements qui émanaient de la salle. Une salle d’accouchement. Dans une maternité. Bref, comme je disais, passons. Naissance de la puce à 11h40. Enfin la puce… 3,980 kilos ! Je me sens bien. J’ai pas eu de péridurale, l’accouchement bien que douloureux n’était pas trop éprouvant. Le sage-femme me regarde et me demande : « Vous voulez rentrer cet après-midi ? » Ben ouais, tiens. Et juste comme ça, du délai de douze heures annoncé on passe à « tout de suite ».
16h00 – Deux heures de peau à peau et de premiers petits soins sur celle que l’on appellera vite « Mada », une douche et un plateau-repas plus tard, il est 16h00 et on quitte la maternité.
17h00 – On récupère tous les trois notre autre bébé, celui qui a passé une journée comme les autres à la crèche. Il voit sa soeur et a les yeux qui brillent, instantanément. (Soulagement.)
Un peu chamboulés mais avec cette sensation bizarre d’avoir eu une journée presque normale, on rentre tous les quatre chez nous pour y passer une soirée presque normale aussi.
P.S.
Voilà pour mon (notre) histoire. Alors :
- Si tu es dégoutée parce que ton accouchement à toi c’était pas du tout aussi chouette, j’ai envie de dire déjà que non non, un accouchement c’est jamais chouette, et ensuite, attends que je te raconte mon premier accouchement (oui, celui du col fermé après 5 heures de contractions qui te font hurler à la mort).
- Si mon récit te fait rêver (dans la limite de ce qui peut faire rêver, on s’entend), sache que ce que j’ai vécu, c’est tout simplement un accouchement « maison de naissance », à la différence qu’en plus dans une maison de naissance, c’est la sage-femme qui te suit qui t’accouche. À bon entendeur…
Je reviendrai plus en détails sur certains points qui (selon moi) peuvent être intéressants si tu es dans un projet bébé, ou si tu es complètement dans le flou quand on te parle de « projet d’accouchement ». Mais ça, c’est pour un autre jour !
mybrouhaha 19 Nov 2015 - 12:51
Ton article me fait rêver Joana!
parce que moi aussi j’ai souffert le martyr pendant des heures pour Mona alors que mon col était à 2.
parce que comme toi je n’accouche que dans LA mater amie des bébés à Paris et que d’envisager une autre maternité ailleurs m’aurait totalement angoissée (pas de bol je me suis payée 15 nanas en train d’accoucher pour 8 places donc pénurie de sage femmes ahem donc pas amie des mamans en effet)
parce que moi aussi je rêve totalement de pouvoir rentrer chez moi directement après pour un prochain!
bref tu me donnes de l’espoir! merci!
Joana 19 Nov 2015 - 1:38
Tant mieux Anne-Charlotte. J’avoue : c’était vraiment la bonne surprise. Et comme j’ai écrit à la fin de l’article, tu peux tenter la maison de naissance pour le prochain ; sur Paris il y a le CALM, collé aux Bluets. En tout cas, niveau confort, câlins, et chaleur, en ce qui concerne le choix de rentrer dès que possible, je referai tout pareil ! Bises
Allychachoo - Famille en chantier 19 Nov 2015 - 2:34
Woah. Alors là. Je suis scotchée par ton récit d’accouchement ^^
Joana 19 Nov 2015 - 3:18
J’avoue, je ne me plains pas !
AURELIE 19 Nov 2015 - 2:45
Je connais bien cette maternité, ils sont vraiment formidable avec les futurs parents, j’y ai mis au monde mes deux garçons, franchement une équipe au top!!!!
Joana 19 Nov 2015 - 2:50
Quelle maternité ? En Alsace ou à Paris ?
Damanne 20 Nov 2015 - 2:54
Un seul mot : waouh ! !
Waouh pour ton article que j’ai adoré lire
Waouh pour ta gestion de ton accouchement sans péri
Waouh pour être sortie le jour même ! Je ne savais même pas que c’était possible ! J’ai accouché il y a 3 mois de mon premier et ça m’a rassuré d’avoir l’équipe pour répondre à mes questions, il y avait tout à apprendre… mais pour un deuxième pourquoi pas ? Surtout que tes deux accouchements sont assez proches, tout est encore assez frais j’imagine. En tout cas bravo.
Et je comprends ta surprise de quitter un choix énorme à Paris pour… pas de choix ou presque… j’habite dans le 92 et on va bientôt partir dans le Cher, même combat ! Ça m’angoisse un peu mais je me dit qu’on est un peu moins un numéro. ..
Damanne 20 Nov 2015 - 2:55
Un seul mot : waouh ! !
Waouh pour ton article que j’ai adoré lire
Waouh pour ta gestion de ton accouchement sans péri
Waouh pour être sortie le jour même ! Je ne savais même pas que c’était possible ! J’ai accouché il y a 3 mois de mon premier (déclenchée aussi…. aaaaaaaaahhhhhhhhh) et ça m’a rassuré d’avoir l’équipe pour répondre à mes questions, il y avait tout à apprendre… mais pour un deuxième pourquoi pas ? Surtout que tes deux accouchements sont assez proches, tout est encore assez frais j’imagine. En tout cas bravo.
Et je comprends ta surprise de quitter un choix énorme à Paris pour… pas de choix ou presque… j’habite dans le 92 et on va bientôt partir dans le Cher, même combat ! Ça m’angoisse un peu mais je me dit qu’on est un peu moins un numéro. ..
Joana 22 Nov 2015 - 9:18
Damanne,
Je ne savais pas que c’était possible non plus ! C’était la super surprise. Et oui, c’est exactement ce que tu dis : on est un peu moins un numéro à la campagne. Je suis revenue une semaine après à la maternité pour le test d’audition, qui a été fait par une sage-femme que je n’avais jamais croisée, mais quand je lui ai dit le prénom de la poulette, elle m’a dit : « Ah oui, elle est née mardi dernier, c’est ça ? »
Sinon, d’accord avec toi et ton Aaaaaaaah concernant le déclenchement, on y reviendra !
Bon courage pour ton nouveau départ, bises !
Lorelei 20 Nov 2015 - 4:14
t’as vachement géré, whaouh je suis épatée!
félicitations pour ce magnifique événement!
bizzz
Joana 22 Nov 2015 - 9:18
Merci ! Bises !!
Calouve 21 Nov 2015 - 9:59
Han! Comment je suis jalouse! Pouvoir rentrer chez toi juste apres… Le rêve! Moi j’ai dû rester 3 longues journées loin de mon petit louveteau!
En tout cas c’est génial! Comme quoi ce déménagement « forcé » était finalement une super idée!
Joana 22 Nov 2015 - 9:19
Oui finalement, contre toute attente, j’ai été ravie des conditions !!! Des bises
Quatre enfants 21 Nov 2015 - 6:44
Je pense avoir vécu exactement ce que tu as vécu entre 11.10 et 11.40, moi, c’était entre 21.10 et 21.40 🙂 et tu as raison de jeter un voile pudique dessus pour ne pas effrayer les futures accouchées … Ça reste malgré tout magique !
Joana 22 Nov 2015 - 9:20
Hahaha, oui ! C’est vraiment magique, démarrer la vie d’une nouvelle personne. Chaque jour je regarde mes enfants et je n’en crois pas mes yeux !
Léona 21 Nov 2015 - 8:19
Les premiers mots qui me viennent à l’esprit sont: whaou, en voilà un accouchement qui fait rêver. Pour ma première j’avais accouché rapidement mais en urgence chez moi. Mais j’ai pu gérer la douleur, et ça a été. Cette fois-ci j’aimerais avoir au moins le temps de me rendre à la maternité, histoire d’être dans de meilleures conditions. En tout cas bravo, c’est super quand tout se passe bien!
Joana 22 Nov 2015 - 9:22
Tu as accouché en urgence chez toi ? Et niveau douleurs, « ça va j’ai pu gérer » ? CHAPEAU BAS meuf ! C’est moi qui dit wahou ! Bisous et bon courage pour le deuxième ! J’espère que tu auras les conditions que tu souhaites !!
Loïs 10 Avr 2016 - 9:46
Oh punaise non mais : le rêve !!!!!!
Pour le prochain, je ne veux en aucun cas accoucher à la maternité, ou alors dans une comme la tienne (ce qu’il n’y a pas ici, même si c’est un peu la campagne) 🙁
Je rêve d’accoucher chez nous, je vis et revis cet accouchement (oui je ne suis pas encore enceinte lol) qui n’a pas encore eu lieu (et que j’idéalise sûrement trop). Mais ça serait comme une revanche sur le premier, et cette fois-ci ça serait vraiment magique.
Joana 11 Avr 2016 - 9:53
Alors tout d’abord, à ma maternité, c’était la première fois qu’ils laissaient sortir quelqu’un si rapidement. Demande, on ne sait jamais ! En plus, si ta maman est conseillère en lactation, il est possible que tu te mettes le personnel hospitatlier dans la poche 😉
Sinon, c’est marrant les mots que tu emploies : ma sage-femme a décrit mon accouchement exactement comme ça, une belle revanche sur mon premier accouchement ! Regarde aussi du côté des maisons de naissance, et qui sait, peut-être que tu auras plus de chances que moi pour trouver une sage-femme qui pratique l’accouchement à la maison !
Pour finir, je pense que pour mon premier je me serais pas sentie de rentrer si vite, j’aurais pas été aussi tranquille, ce qui a fait que ça a bien fonctionné comme ça, c’est que c’était mon deuxième bébé !
Mathilde 15 Avr 2016 - 10:26
Bah si, moi ça me fait rêver.
J’aimerais que ce soit aussi rapide, ne pas avoir la péri et rentrer rapidement. Mouai sauf que pour le dernier point j’ai de gros doute, sur le fait qu’ils me laissent faire un retour précoce (c’est 48h mini ici je crois), mais bon on verra.
Joana 19 Avr 2016 - 11:32
Tu peux toujours demander ! Ici ce qui a changé la donne vraiment, c’était le fait d’être suivie par une sage-femme libérale (surtout une qu’ils connaissent). Et la maison de naissance, pas tentée ?…