
« Le jour où on m’a reproché de ne pas habiller mon fils comme un garçon »

Laureline
« Féministe, maman d’un enfant de 16 mois. Avec mon mari nous essayons d’élever un petit être autonome et heureux à Paris. »
Un vendredi de juillet j’ai décidé d’écrire à Joana. Je lui ai dit :
Joana, j’ai quelque chose à dire, est-ce que tu veux bien me prêter un bout de ton blog pour que je raconte mon histoire?
Elle a dit oui.
Pourtant ce n’est pas toute mon histoire que je vais raconter, c’est juste une histoire, une anecdote presque, qui s’est passée lorsque mon fils Ed avait 9 mois.
Les faits
Nous sommes vendredi, en juillet. Le dernier jour de crèche pour Ed. C’est à la fois le dernier jour avant les vacances mais aussi son dernier jour dans cette crèche ; en effet, nous avons de la chance et en septembre nous passerons d’une crèche d’entreprise à une crèche municipale.
C’est donc la dernière fois que je l’emmène là-bas. J’ai avec moi un petit cadeau pour chacune des professionnelles qui s’occupe de Ed depuis 5 mois maintenant.
Je le pose sur le tapis de jeu, je commence à lui faire mes au revoir. On papote un peu avec la référente de Ed et la responsable de la section des petits. Celle-ci semble visiblement vouloir profiter de ces au revoir pour me dire quelque chose qui la tracasse depuis longtemps :
– Au fait, dites-moi, pourquoi vous habillez Ed comme une fille ?
– … (Je reste sans voix)
– Vous vouliez une fille c’est ça ?
– Non pas spécialement. On habille juste Ed avec les vêtements qui nous plaisent.
– Ah bon. Mais c’est pas possible vous savez. Il ne faut pas l’habiller comme une fille. Nous quand il arrivait habillé comme ça on se moquait de lui, il ne faut plus que vous fassiez ça.
– Je comprends ce que vous dites.
– Bon très bien vous allez arrêter alors.
Fin de discussion. Un autre parent est arrivé et je suis partie faire autre chose.
Cette transcription n’est pas complète sans que j’évoque son ton : elle m’a dit ça de façon joyeuse. Pas comme si elle me faisait une blague, non, mais avec le rire dans la voix. Comme quand un enfant fait quelque chose de pas très bien mais qui nous fait rigoler en même temps.
J’ai été fière de moi. Je me suis retenue. Je ne l’ai pas reprise. Je ne suis pas allée dans son sens non plus. Mais surtout je ne l’ai pas insultée, parce que je suis quelqu’un de colérique et j’aurais pu faire un scandale, mais devant les enfants il ne valait mieux pas.
C’était le dernier jour de Ed. J’étais émue de ne plus revoir sa référente, qui était très aimable, elle, et a eu l’air gênée pendant cet échange. Je suis sortie de la crèche. J’ai eu envie de crier. J’ai eu envie de tout casser.
Depuis j’ai largement eu le temps d’analyser les choses à froid et je voudrais parler avec vous des deux raisons principales pour lesquelles cette conversation est problématique.
#1 – Sexime 1 – Maman 0
Je vais un peu te parler de mon mari et moi.
Nous sommes féministes. Nous croyons tous les deux dans l’égalité des sexes. Une femme et un homme sont capables des mêmes choses. Nous pensons aussi qu’il n’y a pas de déterminisme à la naissance. Il n’y a pas de choses qu’un garçon va faire plutôt qu’une fille, ou l’inverse. Aussi, nous voulons que notre enfant puisse grandir en s’épanouissant au maximum et qu’il puisse trouver sa place dans le spectre des genres et des orientations sexuelles.
Mais surtout, nous voulons qu’il grandisse dans le respect des attributs de la masculinité et de la féminité et qu’il décide par lui-même de ce qu’il prendra de chacun.
Par conséquent, depuis sa naissance, nous habillons Ed avec des vêtements qui nous plaisent, quels que soient leurs couleurs ou leurs motifs. Nous ne souhaitons pas hiérarchiser des couleurs ou des motifs. Concrètement, il porte parfois du bleu, parfois du rose, et toutes les autres couleurs de l’arc-en-ciel. Des motifs à fleur et des imprimés robot. Il joue avec des petites voitures et des poupées.
Ce n’est vraiment pas grand chose, certains parents vont plus loin et refusent d’assigner un genre à leur enfant avant que lui même ne soit en âge de comprendre et choisir. Nous n’avons vraiment pas l’impression d’être radicaux ou extrémistes dans notre démarche.
Nous pensions avoir 3 ans tranquilles. Nous sommes bien conscients qu’une fois à la maternelle, il y a le jugement des autres enfants. Ce jugement qu’ils donnent en ayant souvent mal digéré le discours plus ou moins informé de leurs parents et de la société.
Et puis c’est pas comme si on lui mettait des jupes. La jupe c’est la ligne qu’on a décidé de ne pas franchir pour ne pas « froisser » la société.
C’est pour ça que ce vendredi, je suis tombée de très très haut quand je me suis rendue compte que des personnes pouvaient porter un jugement négatif sur certains habits porté par mon fils. Ce qui fait que cela est vraiment grave c’est que cette remarque ne vient pas d’un étranger dans le bus, ou d’une arrière-grande-tante d’un autre époque. Cette remarque est celle d’une professionnelle de la petite enfance qui est responsable de la section des petits dans une crèche d’entreprise.
Voici donc exactement ce qu’on appelle le sexisme ordinaire. C’est cette chose qui fait dire à une femme adulte qu’il ne faut pas habiller un petit garçon de 8 mois avec des « vêtements de fille ».
C’est sexiste car cela crée une distinction imaginaire. Cela implique qu’il y a deux types de couleurs (couleurs filles/ garçon), deux types de coupes (pantalon/ jupe).
Mais c’est aussi sexiste car il y a une réprobation dans le fait de faire passer un garçon de l’un à l’autre. Je te parie que cette responsable n’a jamais fait de remarque à une petite fille qui porte un jean. Parce que dans sa tête et dans une bonne partie de la société, une fille qui s’habille comme un garçon s’élève. Elle tend elle acquiert des vertus masculine, qui sont forcément vues comme supérieures. Mais une garçon qui s’habille comme une fille s’abaisse, il va vers des vertus féminines qui sont jugées négativement.
Et ça, ça me met hors de moi.
#2 – La violence des mots
Je voudrais préciser que cette crèche est privée, faisant partie d’un relativement grand groupe. Ce n’est pas une petite crèche religieuse qui se bat spécialement contre la théorie du genre. C’est une crèche ordinaire, pour le meilleur et pour le pire.
Dans cet endroit où lequel Ed passait quasiment 50 heures par semaine, même tout petit, il a appris plein de choses très visibles pour nous, comme la marche à quatre pattes.
Il a aussi appris tout un tas de choses moins facile à observer et quantifier, tout ce qui constitue son développement émotionnel. Les enfants ne comprennent pas le sens de nos mots, mais ce sont de véritables éponges émotionnelles et ils comprennent souvent bien plus qu’on ne croit nos attitudes et nos émotions.
Alors forcément, quand cette femme m’a dit s’être moquée de mon bébé, ça m’a mise en colère pour des raisons politiques, et ça a surement blessé ma fierté aussi. Ce qui est le plus grave cependant, c’est que je me dise qu’elle a appris à mon fils la méchanceté. Je ne pensais vraiment pas qu’il en serait victime si tôt, et encore moins que ça viendrait d’une adulte. A fortiori d’une professionnelle de la petite enfance.
On me dira peut-être que j’en fais tout un plat. Alors non, effectivement, je ne crois pas que Ed ait subit un traumatisme grave. Plusieurs mois ont passé et c’est un garçon adorable, qui fait confiance aux gens et qui se suscite l’admiration de tout le quartier quand il se rend à la crèche sur sa draisienne et avec son manteau d’ours. Il porte parfois des leggings jaunes achetés au rayon fille et personne dans la nouvelle crèche ne nous a rien dit.
Je reste cependant profondément choquée quand je repense à cette histoire, parce que je me dis que ce n’est que la partie émergée d’un immense iceberg. Un iceberg fait de pressions sociales patriarcales souvent invisibles mais qu’on impose à nos enfants dès le premier jour.
Comment réagir?
J’aurais surement dû dire quelque chose sur le coup, mais je suis déjà bien contente de ne pas avoir explosé. Je ne sais pas ce que j’aurais pu dire pour changer totalement la vision du monde de cette femme. L’important pour moi, c’est surtout de bien élever Ed.
Son père et moi faisons le maximum pour le protéger de tout ça, mais il est évident qu’on ne pourra pas l’élever dans un cocon. Quand il sera en âge de comprendre, il nous faudra avoir une démarche active pour l’aider à déconstruire tous ces clichés qu’il apprendra au contact des autres. Lui dire que non, les filles ce n’est pas nul. Qu’il a le droit d’aimer My Little Poney, que d’ailleurs son père regardera avec nous même s’il est un homme. Que si les autres se moquent, c’est difficile mais que ça ne veut pas dire qu’il doive se moquer lui aussi.
Nous n’avons pas de plan de bataille tout tracé, nous essayons juste de faire de notre mieux. Et que Ed devienne danseur ou pilote d’essai, sage-femme ou pompier, nous serons fiers de lui et de son choix en sachant qu’il l’a fait le plus librement possible.
Louna 21 Mar 2017 - 1:37
Merci pour ce témoignage ! Nous essayons, nous aussi, de contrer au quotidien le sexisme ordinaire et d’élever notre fille dans ces valeurs. Comme toi, je crains que l’entrée en maternelle soit un cap difficile à passer. Mais j’espère que l’exemple qu’on saura lui donner à la maison, son papa et moi, continuera à montrer à notre fille qu’elle est libre de faire ses propres choix, quelque soit son sexe.
Claire 21 Mar 2017 - 2:11
Merci pour cet article ! ça me chagrine que votre petit garçon ait été témoin de moqueries à son égard. Avez-vous pensé à envoyer ce texte à cette responsable, histoire de lui ouvrir les chacras ?
Laureline 21 Mar 2017 - 2:20
Nous y avons beaucoup réfléchi mais les relations avec cette crèche n’ont jamais été bonnes. Heureusement on a eu une place en crèche municipale après ça.
Donc nous n’avons pas spécialement envie de remuer ça.
Je me suis dit néanmoins que partager mon expérience ici pour essayer de sensibiliser d’autres parents c’est déjà bien
Laureline 21 Mar 2017 - 2:44
Pour le coup mon mari ayant en ce moment les cheveux rose fluo, je pense qu’il porte ses propres combats sur la deconstruction.
Aussi il a commencé https://lemecxpliqueur.wordpress.com/
Ensuite je n’ai pas l’impression de faire porter à mon enfant mes combats, mais j’essaie de l’élever sans les couches de construction sociale que j’ai moi même déconstruite. J’essaie au maximum d’utiliser des mots neutres et de ne pas le genrer et les habits sont une partie de ça.
Laureline 21 Mar 2017 - 2:45
Et merci pour la publication ?
Julie Olk 21 Mar 2017 - 10:15
Hello,
J’essaie également d’élever mon fils en dehors des carcans genrés que la société nous impose. Mon mari est d’accord et partage mes convictions (nos, puisque ce sont aussi les siennes). Notre bébé porte aussi toutes les couleurs de l’arc en ciel, des bloomers, des collants…
Quand on me fait une remarque, je ne manque jamais de rappeler qu’une couleur n’a pas à être étiquetée féminine ou masculine. D’ailleurs je crois que c’est la société de consommation qui a réparti ainsi les couleurs parce qu’au Moyen Age par exemple, le bleu était symbole de fécondité et le rose de virilité… Bref je m’égare.
Tu devrais écrire à la crèche car, qu’importe vos bonnes ou mauvaises relations passées, le fait est que cette dame et ses collègues ont ouvertement porté un jugement sur les tenues de ton fils et ça probablement devant lui. Comme tu le dis, les enfants sont des éponges… L’idée n’est pas tant d’écrire pour ton fils que d’écrire pour un autre enfant qui pourrait vivre la même chose. Tu as la possibilité d’éventuellement protéger un autre enfant mais aussi pourquoi de permettre une prise de conscience chez cette dame (sait-on jamais^^).
Enfin, il y en a marre d’imposer des standards à nos enfants pour les vêtements comme pour les jouets ou comportements. Combien de fois ai-je entendu « les gros mots ce n’est pas jolis dans la bouche d’une petite fille… » Parce que c’est peut-être plus élégant dans la bouche d’un garçon ? Eh bien non, je montais aux arbres et je jouais aux voitures et je ne m’en porte pas plus mal. J’ai vu un reportage où une petite fille demande si c’est « une loi qui a décidé que c’est aux filles de faire la vaisselle »… Ne peut-on pas laisser nos enfants tranquilles ? Ils n’ont pas à hériter des préjugés de notre société me semble-t-il, ni à les transmettre pour devenir juges à leur tour.
Je t’invite donc à écrire à la crèche, ton courrier sera peut-être sans retour mais tu l’auras fait et, qui sait, le message passera peut-être que tu le saches ou non.
Bonne soirée 😉
Weena 21 Mar 2017 - 2:15
Outch, effectivement, ça fait peur, surtout venant d’une professionnel de la petite enfance qui t’explique en rigolant qu’elle s’est moquée de la tenue vestimentaire …
Ici, j’ai deux garçons, j’ai été leur acheter ds shorts bloomer aux rayons fille car on n’en trouvait pas chez les garçons, ils ont des pyjamas de toutes les couleurs, et je les porte dans un porte bébé violet !!! Idem pour les jouets, pas de genrage.
Et même qu’ils vont bientôt avoir une armoir à déguisement avec des robes de princesse dedans 😉
Laureline 21 Mar 2017 - 2:22
Deconstruire la masculinité c’est une part importante du combat ✊?
Weena 22 Mar 2017 - 11:42
Je renchéris sur plusieurs commentaires :
Elizabeth, jusque recemment, il était difficile de trouver des shorts bouffants aux rayons garçons (alors même qu’il y en avait des gris neutre ou bleu marine aux rayons filles …)
Et pour les collants, en quoi est-ce si différents des chaussettes hautes? Pourtant, c’est mignon un petit garçons en short et chaussettes haute 😉
Lily 21 Mar 2017 - 3:20
Oh, je partage ta colère à la pensée que ton petit doudou ait été la cible de moqueries de la part des dames de la crèche. Ils sont petits mais ils ressentent tout, que diable, un peu de bienveillance…
Sinon, en ce qui concerne la dimension plus « politique »… Un enfant est d’abord un enfant, avant d’être un garçon ou une fille, c’est trop triste de voir que si jeunes, on refuse de leur « foutre la paix » avec ça !
Le problème c’est qu’aujourd’hui dans les magasins, tout est « pour filles », ou « pour garçons ». C’est aussi pour ça je pense que de plus en plus de gens se dressent contre le sexisme, de nos jours : la société de consommation exacerbe de plus en plus les différences « traditionnelles » masculin/féminin…
J’ai deux fils, nous n’avons pas voulu savoir leur sexe avant la naissance et tout le monde insistait pourtant pour savoir ce que c’était, « pour les cadeaux tu comprends ». « Euh… vos cadeaux de naissance impliquent-ils les parties génitales de mes enfants ? »
La question des vêtements ne s’est pas posé pour eux, on m’en a donné énormément, et plutôt du très classique, neutre. Et s’ils ont un jour une petite sœur, elle mettra les jeans et les polos de ses frères… Je sais, c’est plus facile dans ce sens-là.
Un jour, ils auront leurs goûts… J’espère alors que la société sera plus bienveillante, et qu’à défaut on aura la force de les soutenir dans leurs choix, si ceux-ci se révèlent atypiques…
Joana 21 Mar 2017 - 3:44
Oh Lily, quel joli commentaire que je ne pourrais qu’appuyer ! Ici aussi, sans s’en rendre compte, nous sommes dans le neutre. J’ai récupéré pas mal d’habits de mes nièces, et dans un souci de « ne pas consommer pour rien » (plutôt qu’initialement une vraie volonté de lutter contre la stigmatisation dès le plus jeune âge), j’essaie autant que possible de recycler. J’avoue ne jamais être allée jusqu’à la robe en public pour mon fils, mais lui se balade donc souvent en leggings et T-shirts avec des formes de coeur dessus s’il le faut, la petite soeur en baggys. Ce matin d’ailleurs, j’ai donné des vêtements de change à la crèche pour mes deux enfants et je me suis surprise à devoir mettre les deux tas dans des sachets, car il leur aurait été impossible de distinguer les habits de Madeleine de ceux de Paco (si ce n’est en regardant la taille de ceux-ci). Je m’en suis auto-félicitée.
Je te rejoins sur le coup des cadeaux de naissance : un des meilleurs qu’on ait eus nous a été offert par une amie, qui en s’excusant nous a dit : « Désolée, je ne savais pas si c’était un garçon ou une fille, du coup j’ai pris ça. » Son choix : des CD de classiques brésiliens repris en mode berceuse pour enfants. Y avait vraiment pas de quoi s’excuser ! 🙂
Anjorand 21 Mar 2017 - 3:30
Bravo Laureline pour ton article suivis de belles réactions ! Pour ma part, j’ai pu tirer profit de la rigidité de notre société qui finalement m’a poussé à devenir styliste de mode.
Laureline 21 Mar 2017 - 5:00
Merci beaucoup !
malotine 21 Mar 2017 - 3:55
Bravo !
Ici je mets des bloomers à mon fils… et des collants en hiver !
On me dit sans cesse que ce sont des vêtements de fille… mouahahah !
La bêtise des gens !
Laureline 21 Mar 2017 - 5:02
Mais surtout les gens devraient vraiment apprendre à garder leur commentaire pour eux. C’est dingue en fait de se permettre de donner un avis sur les choses pour lesquelles ils ne sont pas concernés !
Pour la révolution des bloomers et des collants pour garçons au lieu de l’uniforme salopette et marinière !✊?
Sandra 21 Mar 2017 - 7:26
Salut Laureline, nous nous connaissons depuis le lycee et je suis agréablement surprise de ta réaction parce que moi je l’aurai mangé ou j’aurai écrit à la direction par principe qu’on ne peut se permettre se genre de commentaire et d’attitude.
Je n’ai pas voulu connaitre le sexe de mon bb1 et je ne veux pas connaitre celui de bb2 parce que le sexe ce n’a pas d’importance à mes yeux je veux avoir des enfants en bonne santé That’s it. Ma petite fille est née en bonne santé et en un mois j’ai reçu plus de tulle et de rose que tu ne peux l’imaginer et bah aussi bizarre que ça puisse paraître et pourtant elle ne met que des jeans et des tee shirt aux couleurs variés Pas de robe elle n’aime pas, pas de collant inconfortable etc. Depuis qu’elle est toute petite elle choisit ses vêtements même si ce n’est pas assorti et au contraire de toi au Canada, les éducatrices l’encouragent dans la différence ainsi elle est fan de pat patrouille (qu’on trouve qu’au rayon garcon) et de Sam le pompier un vieux dessins animés. Elle joue avec des jeux de construction mais aussi avec sa cuisine et son bb comme quoi on peut faire de tout et aimer tout. Continue ton combat tu n’empêcheras pas ce genre de commentaire comme je n’empêche pas les gens de me dire qu’il est mignon votre petit garçon. Ton fils sait déjà ce qu’il aime et si il a un peu de ton caractère ça le rendra plus fort encore n’en déplaise à ces vieilles reac
Sandra
Elizabeth 22 Mar 2017 - 8:54
Première remarque : les bloomers, c’est pour les filles ?? J’en tombe des nues ! Car si j’avais eu un garçon, il en aurait porté, et pleins !
Maman d’une petite fille de 6 mois, je suis exaspérée par les vêtements estampillés « filles », et je me retrouve à devoir aller chez Jacadi et compagnie, plus sobres.
Enfin, si le second est un garçon, il portera certainement des robes si c’est un bébé d’hiver, principalement pour une raison pratique : je déteste le côté mal commode des salopettes pour bébé. Après, comme ma fille, il aura beaucoup de caleçons et autres shorts pour ne pas entraver ses déplacements.
Tara B. 22 Mar 2017 - 9:59
Effectivement, trop de rose tue le rose au rayon fille 😉 Restent les marques de distributeurs avec leurs lignes basiques, les marques « chic » (Jacadi et autres) ou DPAM (et ses couleurs flashy pour tous). Pas toujours simple d’échapper aux paillettes…
Imrage 22 Mar 2017 - 9:53
C’est dur. J’ai connu la même chose avec mon fils, jusqu’à ses 2 ans environ. Petite bouille toute ronde, avec un visage qui se prêtait parfaitement aux cheveux longs. Comme toi, nous étions assez peu regardants sur les vêtements (peu regardants sur les couleurs et / ou motifs). Nous les remarques sont venues au parc. On vivait à Lyon, dans un quartier populaire, ce n’est pas arrivé souvent, mais quelque fois, on a senti des remarques.
Quand le petit a commencé à prendre conscience de ça, on a coupé les cheveux. Pas la boule à zero, il a toujours des longueurs, mais voilà. Et une partie de la garde robe venant des grands parents, qui sont plus regardants sur le type de fringues…
Et en même temps, sans donner raison aux autres, ils exercent une pression qu’il n’est pas possible de soutenir. Pour nous, c’est possible, mais pour le petit, c’est autre chose. A l’école, les enfants sont cruels entre eux, et le refus du gamin d’avoir ne serais-ce qu’un centimètre carré de rose sur un vêtement à l’école (alors qu’à la maison, rien à faire ! ) est le constat amer du regard des autres sur quelque chose qui nous parait à nous naturel.
Au final, à l’école et à la maison, mon fils se comporte différemment. Il a compris (inconsciemment) qu’il faut renvoyer une autre image à l’extérieur, sous peine de souffrir.
J’aimerais qu’un jour, (surement pas mes enfants hélas) les enfants puissent consacrer leur énergie à autre chose qu’à ce genre de considérations. Et malheureusement, beaucoup d’adultes n’ont pas compris ça.
Tara B. 22 Mar 2017 - 9:54
Bonjour Laureline, et merci d’avoir partagé ça avec nous. Comme les autres je suis horrifiée du manque de tact (d’intelligence ?) de cette dame de la crèche.
Pour autant je me sens vraiment proche du commentaire de Juliette et de son questionnement. Je suis la première à pester contre l’hyper-« genrisation » des vêtements, mais je n’ai jamais acheté de vêtement de fille à mes garçons (trop de fronces, de frous-frous, de paillettes, trop de tout). Le rose je veux bien (leur père en porte, et on fait tout pour leur dire que les garçons ont le droit de mettre du rose et les filles du marron et du bleu), mais je ne veux pas les « travestir » pour autant avec des vêtements trop marqués (et on ne trouve presque plus que ça dans les magasins).
Autant je ne céderai pas d’un pouce sur toutes les possibilités qui sont offertes aux filles comme aux garçons de faire ce qu’ils souhaitent nobostant leur sexe, autant je comprends très bien le besoin qu’ont mes enfants de se construire un genre socialement à coup (pas toujours très fins) de « ça c’est pour les filles, ça c’est pour les garçons ». Ne pas contrarier leur légitime construction identitaire (et à 6 ans je trouve qu’on a le droit de pas être très subtil dans ce registre) tout en ne laissant pas les stéréotypes dévalorisants s’installer, tel est le subtil équilibre que j’essaie de trouver. Pour l’instant j’ai l’impression qu’on ne s’en sort pas trop mal, mais à chacun sa petite équation magique…
Laetitia 22 Mar 2017 - 11:01
Bienvenue, tout d’abord!
Merci pour cet article.
Pour ma part j’habille beaucoup ma fille en bleu, gris, beige et cela nous vaut de belles remarques. Peu importe. Ce qui m’inquiète davantage c’est le fait que de nombreuses femmes autour de moi m’embêtent avec le perçage d’oreilles!!! Ma fille n’a que 10 mois et c’est elle qui choisira si oui ou non elle souhaite avoir les oreilles percées. Je ne vais pas lui imposer une douleur inutile pour plaire et qu’enfin on ne la confonde plus avec un petit garçon! Non mais oh! ?
Votre article me rappelle un extrait d’une oeuvre de Barthes « jouets » in Mythologies. Extrait dans lequel l’auteur s’efforce de rappeler au lecteur que notre société, et nous également, les adultes donc, faisons de nos enfants des adultes en miniature qui reproduisent dès le plus jeune âge les rôles que la société leur assignera et ce « grâce » aux jouets notamment (camion de pompiers, infirmières etc).
J’ajoute à cela que les catalogues de jouets ont la part belle dans cette affaire. Les enseignes également.
Quand on sait que durant des siècles les couleurs rouge et rose étaient l’apanage des hommes car elles renvoyaient à la couleur du sang, de la guerre etc et que le bleu était la couleur virginale, mariale (de Marie)…
On a encore du chemin pour que nos enfants ne soient plus, pas, victimes des préjugés sexistes. Bonne chance.
Illiade 22 Mar 2017 - 6:39
Sans rentrer trop dans le débat, je suis assez sur le courant de pensée de Juliette et Tara. Côté capacité et choix de vie, fille et fils n’ont rien à devoir envier à l’autre.
Côté habits, je ne mets, je crois que des trucs de garçon à mon fils. Déjà parce que j’ai tous les habits de mon neveu et que je n’achète quasi rien, ensuite parce que même comme cela, beaucoup le prenne pour une petite fille.
Et même si je n’ai rien contre les filles, il est un garçon, point barre. Et je pense que ce n’est pas la peine de le confronter aux questionnements extérieurs sur son identité avant que lui-même n’en ait conscience.
D’ailleurs, je file, sa petite voix si grave m’appelle !
Laurier 09 Juin 2017 - 3:34
Bonjour Illiade.
« Et je pense que ce n’est pas la peine de le confronter aux questionnements extérieurs sur son identité avant que lui-même n’en ait conscience. »
Juste pour vous dire que l’identité de genre d’un-e humain-e peut être confirmé très tôt. Vers 3/4 ans. Et que les questionnements démarrent souvent vers les 5 ans, quand l’enfant est confronté à l’autre ou des images des autres.
« Et même si je n’ai rien contre les filles, il est un garçon, point barre. »
Je suis désolé mais ce n’est pas à vous d’en décider 😉
Ce serait une violence de lui imposer. L’idéal c’est de l’écouter, pas de lui imposer un genre qui n’est peut être pas le sien. L’écoute active rendre certainement votre enfant beaucoup plus heureux.
Signé : un garçon transgenre.
Clotilde 22 Mar 2017 - 9:56
Cet article et ses commentaires sont très intéressants, je suis ravie de l’avoir déniché via Twitter.
Les réactions des gens sont très liées à leur niveau d’études et de culture, à leur capacité à réfléchir ou au contraire à avaler tout rond les codes imposés, à être à l’aise avec leur propre image… Très récemment, j’ai noté que le point commun des 3 garçons de l’école primaire qui ont les cheveux longs (mon fils en fait partie) est que leurs parents ont tous fait des études supérieures, sont agrégés… Il ne faut pas trop en attendre des pro de la petite enfance non plus. C’est la limite à laquelle se confrontent les mères qui doivent confier leurs enfants à des personnes beaucoup moins éduquées qu’elles.
En revanche, on peut penser que cette femme voulait protéger ton fils de futures moqueries, elle a du se dire qu’il pourrait en souffrir.
J’ai trois fils et une fille et j’en ai entendu de toutes les couleurs ! Il y a des périodes – l’école maternelle surtout – ou les codes sont très binaires. Personnellement, j’ai plutôt joué le jeu à cette époque pour ne pas compliquer la vie de mes enfants et leurs rapports avec les autres mais en leur expliquant ma vision des choses sur la liberté de chacun. Dès la primaire, ils se sont affranchis de ces clivages, ayant appris à répliquer aux critiques avec beaucoup de naturel. Au collège, c’est plus délicat mais pas impossible avec suffisamment de confiance en soi…
Pour conclure je t’embrasse et je vais continuer à lire babyfactory !
Clotilde 22 Mar 2017 - 10:00
PS finalement ce que je trouve le plus déplacé c’est la psychologie de comptoir à base de « vous vouliez une fille ? » ?
lauriane 23 Mar 2017 - 6:23
Bonjour Laureline,
J’ai mis un moment avant de donner mon avis, mais je me lance.
J’ai bien lu ton article. Je trouve cela très bien, que ton mari et toi-même soyez dans l’optique d’éduquer votre fils dans le respect des autres et surtout dans l’acceptation des différences. Cependant je rejoins Juliette et Tara, dans le sens où, c’est votre combat le féminisme, pas le sien, et pour ma part j’estime que ma fille (car je suis maman de Sasha -qui rencontre déjà des soucis dus à son prénom-3 mois) ne sera pas l’étendard de nos idées, toutefois comme toi j’espère pouvoir lui inculquer des valeurs de respects et d’acceptation de l’autres. Je comprends que tu ai été choquée par cette femme, si moi-même on m’avait dit cela, je l’aurais surement giflée. Cependant cette femme avec maladresse, t’a renvoyé le regard de la société, ce qui fait mal en général. J’estime que quand les idées des parents ( les miennes y comprises) peuvent nuire au bien être de l’enfant, je suis contre.
Je m’explique, tu dis habiller ton fils de couleurs qui vous plaisent sans vous soucier du genre, et dans le principe je suis plutôt d’accord, et même si on ne doit pas se fier au jugements des autres, il est de notre devoir de parents de ne pas marginaliser nos enfants. Je pense que des discussions dans le futur et des échanges concrets avec ton fils seront plus bénéfiques (à mon avis), de par vos comportements, il pourra se forger lui même une opinion sur l’égalité homme/femme. Je pense que chaque enfant, à besoin d’appartenir à la majorité pour pouvoir mieux développer sa personnalité, et affirmer ses choix propres.
J’espère que je ne t’ai pas froissée, par contre moi je le suis du commentaires de Clotilde, qui j’ai l’impression fait comprendre que sans BAC+8 nous ne valons rien, que la culture vient forcément du milieu sociale et que seuls les gens d’un niveau d’études supérieures sont aptes à comprendre et à éduquer des enfants ? Je suis choquée de lire ceci de la part d’une personne qui dit avoir fait de hautes études et prône la tolérance, pour moi elle fait preuve de condescendance et pas de tolérance.
PS je lui précise que je n’ai n’y BAC, et que dans ma famille nous n’avons pas forcément fait de hautes études, mais nous avons reçu l’essentiel de nos parents, l’amour et l’acceptation de l’autre quel qu’il soit.
A bientôt Laureline, j’espère que tu pourras élever ton enfant comme tu le désire
Lauriane
Clotilde 25 Mar 2017 - 10:47
À mon tour d’être choquée : je trouve souvent que le personnel des crèches manque de formation, surtout dans le privé, mais moi il ne me serait jamais venu à l’idée d’agresser physiquement la personne dont parle l’article !… Devant les enfants ?? C’est très grave.
Tara B. 26 Mar 2017 - 8:19
Je vous rejoins Lauriane (désolée Clotilde) sur cette partie de votre commentaire : associer le fait de laisser les cheveux longs à ses garçons et le niveau d’étude, c’est une remarque qu’on peut à tout le moins questionner, à minima dans sa forme effectivement empreinte (peut-être involontairement) d’une certaine condescendance.
J’ai pour ma part une très jolie collection de diplômes supérieurs et mes garçons ont les cheveux courts simplement parce que je trouve que ça leur va mieux (et pas juste parce que je suis une gourde incapable d’être anti-main-stream). Je dirais même que je trouve rarement esthétique de laisser les cheveux longs aux petits garçons (alors que j’adore le catogan chez les hommes qui sont en mesure de faire ce choix-là eux-mêmes). Mettez ça sur le compte d’un traumatisme post-soixantehuitard si vous voulez : mon père a porté des cheveux à la Jésus pendant quelques années…
En tout cas le moins qu’on puisse dire c’est que ce billet fait réagir de manière assez épidermique. C’est que ça doit toucher à quelque chose de sensible chez tout le monde cette question 😉
Allychachoo - Famille en chantier 24 Mar 2017 - 2:00
Je suis extrêmement choquée de lire ton article… Discuter d’une question de « goûts vestimentaires », pourquoi pas. J’habille énormément mes garçons au rayon fille des magasins, pour varier les couleurs, les motifs. Je sais que ça ne plait pas à tout le monde, pas de soucis, on peut en discuter. Mais avoir ce genre de remarques de la part de professionnels de la petite enfance… Tenir ce genre de discours « il ne faut plus faire ça »… C’est tellement choquant !!
Don pedro 02 Avr 2017 - 4:05
Bienvenue dans le monde réel … l’iceberg du patriarcat… vous allez « déconstruire » tout ce que votre fils va absorber? arf… c’est impossible malheureusement…bon courage pour la suite
j’espère qu’il ne souffrira pas trop
buhannic olivia 24 Fév 2018 - 12:39
Merci pour ce joli témoignage! nous essayons d’avoir un bébé, et avec ma copine nous voulons faire la même chose avec notre futur enfant: nous ne voulons pas savoir le sexe, et nous avons bien l’intention d’habiller notre enfant comme il nous plaira sans que ce soit genré!
Cette réaction d’une professionnelle de la petite enfance me choque profondément….